samedi 15 février 2014

Ce que la disparition du Dragon 62 va changer

L’annonce du départ temporaire, mais pour « une durée indéterminée», du Dragon 62 a fait l’effet d’une bombe chez les professionnels des secours. Les raisons de ce choix, la probabilité pour que cela devienne définitif, la nouvelle organisation des secours d’urgence... Autant de questions qui n’ont pas toujours de réponse.

Pourquoi ?

La nouvelle est tombée jeudi dernier : le ministère de l’Intérieur a décidé de redéployer sa flotte d’hélicoptères de la sécurité civile (ils sont 35) afin de doter la Guyane, qui n’en a pas sur son vaste territoire, d’un moyen d’intervention et de secours rapide. Sans doute en raison du tollé que cette décision a provoqué dans le secteur, le départ du Dragon pour Nîmes a eu lieu plus tôt que prévu, en attendant sa nouvelle affectation.

Utile Dragon ...

L’utilité de l’appareil de secours qui permettait de rejoindre Lille en vingt minutes n’était en effet plus à démontrer. Doté depuis environ deux ans d’une équipe médicale en permanence, il a permis en 2013 de secourir 321 personnes (pour 449 interventions), presque une par jour en moyenne (contre 147 en 2011).
C’est précisément parce qu’en 2010, le rôle d’un hélicoptère semblait essentiel après deux saisons estivales expérimentales, que le ministère de l’Intérieur avait décidé de pérenniser la base toute l’année au Touquet. Cela permettait d’accroire considérablement les capacités d’intervention d’urgence, sur la bande littorale de Berck à Calais où l’on ne compte que trois SMUR. Grâce à sa vitesse de 230 km/h, le Dragon 62 pouvait être n’importe où dans ce secteur en moins d’un quart d’heure. Même en mer, comme l’a rappelé l’hélitreuillage des cinq marins pris au piège du Saint-Nicolas à l’entrée de Boulogne en novembre dernier.

Comment le remplacer ?

Désormais, comme l’a précisé le ministère, ce sera à l’hélicoptère de la gendarmerie maritime, ou à celui du SAMU, basé à Arras, d’intervenir sur les lieux des accidents. Avec les pertes de temps que cela impliquera. Le ministère se montre confiant, les urgences des hôpitaux concernés, beaucoup moins. Car l’hélicoptère du SAMU avait d’abord une fonction de transport d’urgence, pas de secours.

Valls maintient

Manuel Valls, ministre de l’Intérieur, qui était en visite à Wingles (près de Lens), hier, a été interrogé sur le sujet. Il maintient sa position, tout en affirmant que la base du Touquet « restera ouverte. » Sauf qu’une base d’hélicoptère sans hélicoptère c’est un peu comme un bateau sans coque. Que veut dire alors « départ pour une durée indéterminée » ? Alors que cette base n’est pas logée dans des locaux en dur, mais dans des containers provisoires.
Une solution d’hébergement définitive, ou même la construction d’un local permettrait sans doute de démontrer que le secteur tient à son hélicoptère. Mais pour cela il faut 2,5 M €. La sécurité des personnes, mais aussi de la navigation dans le chenal vaut sans doute la peine de dépenser cette somme. Le Dragon 62 était en effet associé dans une collaboration européenne de secours incluant l’Angleterre et même les Pays-Bas. Utile quand on sait que les équipes du Touquet se sont déjà rendues sur des cargos, pour réveiller l’homme de quart qui ne répondait plus à la radio.
Reste à espérer que la nécessité pour la sécurité civile de disposer d’un hélicoptère en Guyane soit motivée uniquement par l’afflux dans ce secteur d’amateurs de football voulant se rapprocher du Brésil pendant la Coupe du monde.

Source : www.lavoixdunord.fr

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