jeudi 4 septembre 2014

SAMU vs Sapeurs-Pompiers et SSSM : l'arbitrage de l'IGA/IGAS

Publié le 03/09/14 - 17h23 - HOSPIMEDIA
Le 15 contre le 18, les blancs contre les rouges... Entre urgentistes et pompiers, les esprits se sont fortement échauffés ces derniers mois. Toutefois, après une amorce de détente début juillet, un dialogue renouvelé se confirme en cette rentrée. Le constat mesuré dressé par l'Igas sur le référentiel de 2008 n'y est certainement pas étranger.

Le climat, qui s'était calmé le 2 juillet entre les représentants des urgentistes et des sapeurs-pompiers à l'issue de la séance du comité national de suivi du référentiel commun de 2008 sur l'organisation du secours à personne et de l'aide médicale urgente (lire ci-contre) semble toujours au beau fixe. Et ce, alors que se tient le 9 septembre une nouvelle réunion du comité. Preuve s'il en fallait de cet esprit d'apaisement, qui doit amener à une refonte du référentiel d'ici l'été 2015, un terrain d'entente paraît se dessiner sur l'un des points d'achoppement : la réponse intermédiaire paramédicale proposée par les pompiers, à savoir un binôme avec infirmier envoyé en renfort des véhicules de secours et d'assistance aux victimes en attendant l'arrivée du service mobile d'urgence et de réanimation (Smur).

À entendre leurs responsables, Samu et pompiers semblent ainsi s'être accordés sur une liste d'actions thérapeutiques protocolisées, un nombre extrêmement limité qui se compte sur les doigts d'une main, à même d'être effectuées par des infirmiers sapeurs-pompiers avant d'en appeler au médecin régulateur. Dans leur rapport sur l'application du référentiel, présenté début juillet mais non encore rendu public, les Inspections générales des affaires sociales (Igas) et de l'administration (Iga) constatent en effet l'"échec" du groupe de travail 15-18 sur les protocoles infirmiers de soins d'urgence (Pisu) et poussent à un consensus : expliciter leur doctrine d'emploi et les placer en intervention sous l'autorité fonctionnelle du Samu, élaborer des protocoles nationaux de référence pour les soins d'urgence et d'antalgie puis les décliner localement, etc.
Une reconnaissance mutuelle des infirmiers et médecins

Plus globalement, l'Igas et l'Iga plaident pour "une reconnaissance mutuelle" des ressources médicales et paramédicales attachées aux Samu et aux services départementaux d'incendie et de secours (Sdis), ce qui permettrait également de calmer les tensions sur les médecins correspondants de Samu (MCS) vs médecins sapeurs-pompiers volontaires. Actuellement, le nombre de conventions entre Sdis et hôpitaux atteint tout juste les 50% pour les infirmiers, moins de 15% chez les médecins, est-il chiffré dans la présentation du rapport Igas-Iga proposée début juillet aux membres du comité et dont Hospimedia a eu copie. Cette nécessité d'accroître par circulaires et arrêtés le pilotage national et interministériel de l'application du référentiel, avec une déclinaison locale par des plans départementaux triennaux, ne se borne pas au seul volet ressources humaines.

Entre autres, cela permettrait, selon les inspections, de juger pleinement de l'opportunité d'un système d'information (SI) national des Sdis, voire d'un système commun interopérable avec les Samu, qui œuvrent à développer leur propre SI. D'autres évolutions sont aussi listées : autoriser la non-intervention systématique des pompiers pour la traumatologie bénigne ; élargir au-delà des seuls services d'urgences les destinations possibles d'évacuations des blessés légers (cabinets de ville, maisons médicales de garde...) ; fixer à trois le nombre minimal de transporteurs sanitaires à solliciter avant intervention des pompiers en carence ; rendre possible un réexamen a posteriori et par sondage des situations de carence déclenchées sur demande du Samu...
Les plateformes communes ne sont qu'envisagées

Dans l'ensemble, les représentants des urgentistes et des sapeurs-pompiers en conviennent, le constat dressé par l'Igas et l'Iga se veut "équilibré", ne froissant aucune des parties. Sur les plateformes communes 15-18 par exemple, rejetées par les blancs mais jugées plus favorablement par les rouges, le ton est ainsi extrêmement mesuré. Là où la Cour des comptes veut les obliger par la loi, l'idée ici n'est que d'"envisager des locaux partagés" lorsque Samu et Sdis présentent "des besoins immobiliers compatibles en termes de calendrier". Et puis, histoire de suivre les deux camps dans l'idée que les quelques points de crispations relèvent avant tout de problèmes financiers, les deux inspections insistent justement pour que les financiers, ARS et conseils généraux, œuvrent au suivi du référentiel. Ce qui est d'ailleurs le cas depuis la réunion du comité survenue début juillet.

Certes, un point de haute tension est laissé de côté par le rapport : les relations entre hélismur et hélicoptères de secours. Un élément pourtant au cœur de l'objectif élyséen d'accéder aux urgences en moins de 30 minutes. Mais l'évolution des normes européennes, avec l'obligation au 28 octobre d'un deuxième homme d'équipage sur le transport sanitaire héliporté, pourrait changer la donne, notamment financière, notent les pompiers. Les urgentistes modèrent toutefois ce risque d'inflation des prix sur les contrats d'hélismur, notamment si cette fonction de membre d'équipage technique en sus du pilote revient à l'ambulancier : ce troisième membre du Smur reste en effet aujourd'hui au sol en cas de vol tout en étant rémunéré.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Merci de votre participation !