jeudi 11 septembre 2014

Les Infirmiers Sapeurs-Pompiers au coeur des débats lors de la première réunion du Comité de suivi du référentiel SAP

« J’ai bon espoir que nous nous mettions d’accord ». Enfin ! Le docteur Patrick Hertgen est vice-président de la Fédération nationale des Sapeurs-pompiers de France (FNSPF), chargé du secours d’urgence aux personnes et du Service de santé et de secours médical (SSSM). Le 9 septembre 2014 il participait au Comité de suivi du référentiel du secours à personnes avec les représentants du SAMU.
Au cœur des discussions, un rapport des inspections générales de l’administration (IGA) et des affaires sociales (IGAS) qui a été rendu public, il y a une semaine. Ce document dresse le bilan du référentiel, accord censé clarifier les missions et responsabilités respectives des blancs et des rouges et signé en 2008. Les acteurs du secours se félicitent de la publication de ce rapport attendu depuis un an et qui a permis la reprise du dialogue, rompu depuis plusieurs mois.
La hache de guerre enterrée ? - « Nous avons décidé de ne pas attendre pour adopter les recommandations qui font consensus et dont l’application ne pose pas de problème technique ou juridique, poursuit le Dr Hertgen. Nous avons par exemple décidé que pour les cas de faible gravité, les pompiers pourront évacuer les victimes vers une maison médicale de garde au lieu de la transporter systématiquement à l’hôpital. »
Les deux acteurs du secours doivent se rencontrer la semaine prochaine pour poursuivre leurs discussions sur des points plus techniques et notamment l’interopérabilité des systèmes d’information. Un comité du suivi du référentiel devrait se réunir le mercredi 5 novembre prochain, pour valider ces nouveaux points.
« Le rapport est équilibré et replace les différents acteurs dans leur rôle, observe Mathieu Lamotte, consultant Manager au Cabinet Lamotte Partenaire, expert des questions financières des Sdis. Toutefois je crains que certaines propositions fassent polémique ».
Placer l’infirmier sapeur-pompier (ISP) sous l’autorité du médecin régulateur du SAMU lors des interventions, est probablement celle qui est et sera le plus âprement discutée par les acteurs du secours.
Pour les blancs, elle va dans le bons sens. « Lorsqu’il s’agit de la santé des patients, il est logique que le SAMU prenne la main sur la prise en charge, estime François Braun, chef du Samu de Verdun (Meuse) et Président de Samu-Urgences de France.
Les rouges récusent cette proposition, évidemment. « Les infirmiers sapeurs-pompiers ont été largement critiqués par les SAMU depuis des années, alors que le référentiel reconnaissait leur effectivité en intervention, rappelle Patrick Hertgen. Dans le Nord, l’un des 11 départements pointés par le rapport pour sa situation conflictuelle, le responsable du SAMU refuse de signer la convention opérationnelle depuis deux ans. Il s’oppose à ce que les infirmiers interviennent en dehors de son autorité directe. Mais j’ai bon espoir que les discussions qui ont eu lieu hier à l’occasion du comité de suivi du référentiel, permettront dans le Nord comme ailleurs de lever ces blocages».
D’ailleurs, la mission d’expertise reconnaît que « le ministère chargé de la santé a omis d’associer les responsables des sapeurs-pompiers à la réflexion sur l’accès aux soins urgents en moins de trente minutes ».
Reste que ce n’est pas la seule recommandation qui suggère que la santé prenne l’ascendant sur les pompiers.
«Les inspecteurs préconisent de soumettre le schéma départemental d’analyse et de couverture des risques (Sdacr) à l’avis de l’Agence régionale de santé (ARS) avant sa signature par le préfet, c’est inimaginable dans le cadre des textes réglementaires actuels qui régissent la Sécurité Civile, lâche Mathieu Lamotte. Le Sdacr, élaboré par le Sdis, évalue l’adéquation entre la couverture des secours par rapport à la réalité des risques. Il oriente l’acquisition de moyens à déployer dans les années futures en fonction des choix politiques faits par les élus départementaux. Il est certes nécessaire que le Sdar et le Sros (Schéma régional d’organisation sanitaire) soient mis en cohérence dans le cadre d’une concertation mais une possibilité de véto donnée à la santé sur l’adoption d’un Sdacr risque d’augmenter les crispations ».
Les rouges et les blancs sauront-ils enfin désamorcer les sujets de tensions ? Sauront-ils capitaliser sur les initiatives qui améliorent la coordination des secours prises dans de nombreux départements ? La mission recommande de fixer une nouvelle échéance d’évaluation, d’ici trois ans.
 

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