mercredi 27 novembre 2013

Samu-Urgence de France veut-il "la peau" des Infirmiers Sapeurs-Pompiers ?

Les représentants de Samu-Urgence de France (SUdF), à l'initiative de son président (Dr. Giroud), viennent à nouveau de jeter un pavé dans la mare, en s'attaquant (à nouveau), au système de la réponse graduée, mise en œuvre par les Services de Santé et de Secours Médical (SSSM) des SDIS. Lire l'article du "Le petit journal/Tarn et Garonne"
 
 A nouveau donc, les SDIS sont accusés de "créer du désordre" dans l'organisation de la réponse des secours médicaux et les Infirmiers Sapeurs-Pompiers (ISP), de "créer du retard à l'intervention médicale". Ce qui fâche ces représentants, c'est la mise en œuvre des Protocoles Infirmiers de Soins d'Urgences (PISU) définis par chaque Médecin-Chef des SSSM de France au sein de leur département et appliqués par des ISP sans présence médicale. D'ailleurs, SUdF, ne reconnait pas ces PISU car ceux-ci n'ont pas été rédigé ni validé par la Société Française de Médecine d'Urgence (SFMU). A ce propos, la SFMU a écrit
ses propres PISU à destination des Infirmiers (en général) hors présence médicale (comprenez les ISP...). Cependant, comme l'a fait justement remarquer la Société Européenne de Médecine de Sapeurs Pompiers (SEMSP), il est intéressant de rappeler que ces fameux PISU écrits par la SFMU n'ont pas obtenu le label qualité de l'HAS. Ceux-ci ne sont donc pas applicables pour les ISP et reste une information propre à SUdF et la SFMU...

 
Par ailleurs, il paraît aussi important de rappeler qu'en aucune manière, l'ISP crée un retard dans l'intervention médicale car :
  • L'ISP est déclenché par le CTA-CODIS à l'appel des secours en fonction de la gravité ressentie,
  • Le CTA-CODIS informe systématiquement le CRRA 15 (SAMU) de l'engagement des secours pour le SAP et de l'engagement du moyen Infirmier SSSM,
  • Le Régulateur décide alors de l'engagement d'un SMUR ou non,
  • Le moyen Infirmier du SSSM est un agrès du SDIS qui reste maître dans la décision d'engagement ou non de ce même agrès,
  • Le SAMU reste maître dans la décision d'engagement (ou non) de ces propres moyens (SMUR)
Alors comment, si chacun reste maître de l'engagement des ses propres moyens, l'Infirmier peut-il faire perdre du temps dans l'intervention d'un SMUR ? La réponse se trouve dans la décision du médecin régulateur qui, en fonction de la gravité ressentie, décidera (ou non) d'attendre le bilan de l'ISP afin de réguler au mieux ses propres moyens SMUR (on devrait alors parler" d'engagement raisonné").
 
Enfin pour rappel, même si cela paraît évident, les missions des SSSM sont encadrées par des textes de lois. Le "désordre" viendrait-il donc alors des Lois ...?
 
Dans le même registre d'idée, SUdF déclare (à nouveau), que les ISP, en travaillant au sein des SSSM, serait à l'origine de la pénurie de personnel paramédical des hôpitaux ... Mais, en reprenant les effectifs ISP annoncé par SUdF (2 à 3000 en France) et en procédant à un petit calcul mathématique pour en déduire une moyenne nationale du nombre d'ISP par département (101), il se trouverait donc que, en moyenne, 29 infirmiers travaillants sous statuts volontaires au sein des SDIS, seraient à l'origine de la pénurie des effectifs paramédicaux des hôpitaux. De plus, ces 29 infirmiers volontaires mettent en danger les budgets des départements ... Avouons tout de même que cette argumentaire est un peu léger ...
 
Mais enfin, pourquoi un tel levez de bouclier de la part de SUdF ? La réponse se trouve dans cette phrase exclamative :" Les soins sont médicaux et doivent le rester !" La crainte de la perte du modèle des soins d'urgences préhospitaliers à la française (SAMU) au profit d'une paramédicalisation mise en place depuis plus d'une dizaine d'années par les SSSM et confortée par le législateur. Mais cette crainte est-elle justifiée ?
 
Toute société doit, pour évoluer et rester compétitive en offrant les meilleurs services, savoir appliquer des réformes structurelles en tenant compte des avancées techniques et des connaissances acquises dans les domaines de compétences qui l'intéresse. En mettant en place des PISU et en organisant la "réponse graduée", les SDIS via les SSSM ont su prendre l'initiative sur les réformes à venir concernant la mission de Secours à Personne (SAP). Le point clé déterminant dans la démarche de la mise en place de la "réponse graduée", est de raccourcir le délai de la réponse médicale. Considérant que l'ISP met en œuvre des PISU (gestes, thérapeutiques médicamenteuses invasives ou non) validés par le médecin-chef du SSSM local, que les SAMU sont dans l'incapacité de définir clairement un délai moyen d'intervention à l'instar des Sapeurs-Pompiers (SP) qui eux interviennent en 12 minutes et 54 secondes. (en règle général, tout professionnel des secours d'urgences a déjà pu constater que le SMUR pouvait se présenter 10 à 15 mn après les secours SP), la place de l'ISP est tout à fait justifiée. Et c'est justement là que les SDIS et SSSM ont considéré que l'ISP correspondait au "chaînon manquant" dans la chaine des secours. Grâce à lui, la victime peut bénéficier de soins de qualités (recommandations internationales - protocoles nationaux basés sur les connaissances scientifiques actualisées dans le domaine médical) en attendant l'arrivée (ou non ; médecin régulateur dépendant) d'un SMUR.
 
Loin de faire de l'ombre au médecin, l'ISP apporte des soins de qualités en fonction de ses compétences ( infirmiers et infirmiers anesthésistes) et des limites fixées par les PISU départementaux. Point de dépassement de tâche, tout est réalisé en transparence et sous l'autorité et le contrôle du médecin-chef et de son staff médical. De plus, chaque PISU doit faire l'objet d'un compte rendu circonstancié adressé à celui-ci. Ainsi, il existe un contrôle-qualité dans la démarche des ISP.
 
Si SUdF a des craintes, il ne peut s'en prendre qu'à lui-même de ne pas avoir su se réformer à temps et en restant "arc-bouté" sur son sempiternel sermon qui veut que seul le médecin est capable et peut apporter des soins d'urgences aux patients ! Or cette vision est restrictive et porte atteinte à l'image et au travail des centaines de milliers d'Infirmiers qui exercent quotidiennement dans les structures de soins (hôpitaux, cliniques, centre de santé, SMUR, ect...). Ces propos doivent donc cesser et peuvent être considérés comme diffamants.
 
L'avenir des secours médicaux doit se tourner vers :
  • une régulation forte,
  • l'envoi de vecteur paramédicaux et/ou médicaux résonné,
  • la création d'une seule entité ministérielle regroupant les acteurs des secours d'urgences.
Le virage se fera-t-il ? L'intérêt de la victime aura-t-il raison des intérêts individuels ?
 
Affaire à suivre ...

2 commentaires:

  1. Cela fait plaisir de lire enfin un article sur ce sujet ou le point de vue de certaines organisations est resitué à sa juste valeur...

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  2. Réponse de l'ANISP :

    http://www.infirmiersapeurpompier.com/actualite/detail/102

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