samedi 7 septembre 2013

Témoignage du ras-le-bol d'un médecin généraliste réquisitionnée...24 fois ...

Le Dr Serge Ségu, médecin généraliste à Châteaudun (Eure-et-Loir), s’est déclaré non volontaire pour la permanence des soins (PDS) depuis déjà plusieurs années. Ce qui ne l’empêche pas d’avoir été réquisitionné 24 fois depuis janvier 2012... « Il y a une explication à cela, explique-t-il au « Quotidien ». Les responsables de l’association départementale de permanence des soins qui remplissent le tableau laissent des "trous" correspondant aux gardes que j’aurais dû faire si j’avais été volontaire ». Résultat, le préfet le réquisitionne à chaque trou du tableau, étant le seul non volontaire du secteur de Châteaudun.

Vigilance limitée

En tant que médecin réquisitionné, le Dr Ségu n’a pas droit aux 50 euros d’astreinte que payent en moyenne les caisses primaires pour une tranche de quatre heures de garde, et se contente donc de la rémunération des actes majorés.
Le mois dernier, Serge Ségu a adressé un courrier au préfet pour se plaindre de ce « traitement de faveur ».
« La réquisition qui devrait être une mesure d’exception est devenue systématique à mon encontre, déplore-t-il. Depuis janvier 2012, je suis le seul et unique médecin réquisitionné sur le secteur ». Il souligne aussi qu’après 17 heures de veille, « l’homme a un degré de vigilance égal à celui d’une personne ayant un gramme d’alcool dans le sang », ce qui fait courir selon lui des risques aux patients venant consulter aux horaires de PDS.
Le préfet lui a répondu... Il rappelle que les textes prévoient que sont réquisitionnables tous les généralistes libéraux qui ne sont pas exemptés, et qu’il s’adresse en priorité aux médecins qui n’assurent pas régulièrement des gardes. Le préfet lui donne également deux conseils. Soit de fermer son cabinet au lendemain d’une réquisition, soit de se porter volontaire...

Plainte

Le Dr Ségu apprécie très modérément le premier conseil : il travaille en moyenne 57 heures par semaine hors gardes et estime que « l’exercice de la médecine générale rend économiquement impossible la fermeture du cabinet au lendemain d’une garde ». Il rappelle aussi qu’un médecin urgentiste ne travaille pas plus de 48 heures par semaine, gardes comprises, et qu’il bénéficie d’un repos compensateur au lendemain d’une garde. Les départs à la retraite vont s’accentuer dans les prochaines années, met en garde le praticien. « Si le non-volontariat n’est pas respecté, il est très clair que cela ne va pas encourager les installations en libéral dans les zones à faible densité médicale ».
Lassé par ces réquisitions à répétition, le Dr Ségu a intenté une action devant le tribunal administratif de Châteaudun. Le jugement sera rendu le jeudi 27 juin. « Si vous n’êtes pas volontaire pour la permanence des soins, ne vous installez pas en Eure-et-Loir, ce droit n’y est pas respecté », conclut-il.
 

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