jeudi 26 septembre 2013

Focus : Une garde aux urgences de Royan.

Services des urgences de Royan - image google
En toute saison, le scénario est le même aux urgences du centre hospitalier de Royan-Vaux. Les cas dramatiques le disputent à la bobologie.
Samedi 24 août, 18 heures. Depuis la relève du matin, on est déjà passé à l’heure d’hiver, au service des urgences du centre hospitalier de Royan-Vaux. L’activité, pourtant, ne diminue pas. En cette fin d’après-midi, 60 patients ont déjà franchi la porte du service. Au fil de la soirée, la salle d’attente va se remplir. Du bobo le plus bénin au drame, une vaste palette de pathologies va s’offrir aux médecins urgentistes. Pour l’heure, Marie-Caroline Ranglaret plisse les yeux, étudiant la radiographie d’un pied. Nulle trace de fracture. Deux jeunes filles ont chuté à scooter. Plus de peur que de mal. Quelques pansements plus tard, elles retourneront à la vie normale.
Marie-Caroline Ranglaret découvre le service. Médecin urgentiste dans la région stéphanoise, elle envisage de répondre favorablement à l’une des annonces passées par le centre hospitalier royannais pour pourvoir les postes de titulaires vacants aux urgences. Le charme de la Côte de Beauté la séduit autant que l’idée de fuir l’insécurité qu’elle observe chez elle. Une insécurité qui a depuis longtemps franchi la porte des urgences. « La seule solution que la direction, là-bas, a trouvée pour assurer la sécurité du personnel qui travaille aux urgences, ça a été de nous faire suivre des cours de self-défense. » Marie-Caroline préfère en rire.
Drôle de fin de vacances
Une autre radiographie s’affiche plein écran. Au tour du docteur Massimo Bello, le responsable du service, d’établir le diagnostic. Cette fois, malheureusement, il est aussi évident que douloureux. Fracture du fémur. Le talon d’Achille, croit-on, des seniors. Ce fémur nettement brisé est pourtant celui d’une fillette de 6 ans. Dans un box de consultation voisin du poste central médical, le cœur du service, Emma gémit. « On se promenait tranquillement et tout d’un coup, un cheval s’est échappé de son pré et l’a bousculée », expliqué sa maman, bouleversée.
Papa est tout aussi choqué. Les yeux s’embrument. Posément, d’une voix calme, au timbre égal, réconfortant et rassurant, Massimo Bello expose la suite du protocole, le transfert vers le service pédiatrique du centre hospitalier de Saintes, la probable opération. Singulière fin de vacances pour cette famille originaire de Rosny-sous-Bois.
 
« Urgences » discutables
Pour Emma, évidemment, le passage par le service des urgences s’imposait. Parfois, le motif de la visite est plus… discutable. Le choix du recours aux urgences, en tout cas. S’il se garde diplomatiquement de blâmer les usagers, Massimo Bello doit bien le reconnaître, « la moitié des cas peut-être est plutôt du ressort de médecine générale ». Un terme médico-argotique désigne ces cas : la « bobologie ». Rien de grave, rien d’urgent, en tout cas dans l’acception sanitaire du terme. Au fil d’une soirée lambda, estivale ou non, la bobologie le dispute à de réels drames.
 
Ainsi va la vie des urgences. Ainsi va la vie tout court, d’ailleurs. Maxime, interne en médecine, entre dans le poste central médical, la mine grave, le tirage d’un scanner du cerveau d’une patiente à la main. Une femme de 62 ans, victime d’un malaise qu’elle a cru elle-même ou voulu croire anodin. Cette imagerie impersonnelle, froidement clinique, laisse deviner l’horreur d’une vie qui vient de basculer, là, dans le calme trompeur des urgences. Massimo Bello à son tour décrypte le résultat du scanner.
 
Comme une faute d’orthographe trop évidente pour être acceptable, comme un éclat dans un miroir, une tache blanche pollue ce reflet de cerveau. « Je ne parle pas de cancer, pour l’instant ? », interroge l’interne. « Non, tu ne dis rien pour l’instant. Tu ne parles que de la présence de cette grosseur », conseille le docteur Bello.
 
Ainsi va la vie des urgences. La tragédie côtoie le cocasse, d’un patient à l’autre, d’un box à l’autre. Pendant que les pompiers confient aux urgences un homme en état d’ivresse, la petit Elyssandre, qui a chuté de sa poussette, s’en sort avec une dent cassée et quelques larmes vite séchées par la tendresse maternelle. Un soir comme un autre aux urgences.
 
Le Smur, des effectifs pris sur le fonctionnement normal
Hors saison estivale, les urgences fonctionnent avec un effectif, sur 24 heures, de deux médecins, trois infirmier (ère) s, deux aides-soignants (e) s et un (e) ambulancier (ère). Sachant qu’en cas d’urgence hors de l’établissement hospitalier, l’un des deux médecins, l’un des infirmiers et l’ambulancier composent l’équipe du Service mobile d’urgence et de réanimation (Smur).
 
Plus de 6 000 passages en deux mois
Plus de 6 000 ont été enregistrés aux urgences cet été encore (22 000 passages environ par an). Avec des pics atteignant les 130 visites en l’espace de 24 heures, comme ce fut le cas le 13 août. Selon le docteur Bello, « la moitié de ces visites relevait plutôt de la médecine générale ».
 
Un samedi soir aux urgences suffit à prendre la mesure d’un besoin, au besoin, dans ce service : celui d’espace. Une image achève de confirmer cette nécessité de plus en plus impérieuse. Un patient âgé et alité attendant dans une pièce ouverte, à côté d’un abonné aux ivresses sur la voie publique qu’il faut légalement garder dans le service.
 
Une extension des urgences se profile, « à l’horizon 2015 », évalue Pierre Funay, le directeur des soins du centre hospitalier. 2015, le temps que soit achevé le nouveau bâtiment qui accueillera à terme les sévices de soins de suite et de médecine générale, libérant des locaux contigus aux urgences.
 
« La surface allouée aux urgences sera à peu près doublée », apprécie déjà le docteur Massimo Bello, le responsable du service. De cinq actuellement, le nombre de boxes de consultation sera porté à huit. Dans sa configuration actuelle, les urgences comptent également quatre lits-portes, de deux places de déchocage et peuvent disposer de six lits dans l’unité voisine de soins de suite et de quatre lits en soins intensifs de cardiologie. Le projet d’extension prévoit la création de deux boxes dits de « médecine de l’avant », trivialement une phase de tri des patients, le doublement du nombre de lits-portes et le passage du nombre de places en soins de suite et soins intensifs de cardiologie de 10 actuellement à 12 lits.
 
Solution provisoire
Le volant actuel de 4 lits-portes s’avère régulièrement insuffisant. Certains patients accueillis aux urgences nécessitent parfois une hospitalisation en soins de suite. Le temps qu’un lit se libère dans le service ad hoc, ces patients sont suivis dans les murs des urgences. Une solution technique a été trouvée l’an dernier : en cas de pic d’affluence dans cette phase transitoire, un ancien couloir de liaison entre les urgences et le reste du bâtiment peut accueillir jusqu’à six patients alités, dans les mêmes conditions de veille médicale qu’un lit-porte. Une solution validée par l’Agence régionale de la santé, mais qui ne sera employée que jusqu’à l’agrandissement du service.
 
Source : www.sudouest.fr

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Merci de votre participation !