samedi 7 septembre 2013

Le massage cardiaque externe automatisé avec le dispositif Lucas fait aussi bien mais pas mieux que le MCE manuel dans l'étude randomisée pré-hospitalière suédoise LINC

Planche Lucas - Photo Google -
Pour un non averti, les résultats de l'essai suédois LINC présenté par le Dr Sten Rubertsson (Uppsala, Suède) au congrès de l'European Society of Cardiology 2013 sont négatifs puisque le massage cardiaque automatisé avec le dispositif de pompage Lucas (société Physio-Control) n'améliore ni la survie des patients en arrêt à 4 heures, ni leur devenir avec une bonne condition neurologique (CPC 1-2) à 6 mois. Mais pour les « pro », on peut interpréter ces résultats de toute autre manière.
 
D'abord pour la qualité de l'étude, « réussir à mener un essai randomisé en pré-hospitalier sur 2 589 arrêts cardiaques survenant dans 6 centres d'urgence est en soi un beau travail », a fait remarquer le Dr Patrick Goldstein (pôle urgence, CHU Lille), dont on peut aussi voir le commentaire vidéo ici. « On voit aussi que le MCE mécanique n'est pas délétère et c'est un point important car ce type de dispositif peut être utile en cas d'arrêt cardiaque réfractaire, quand on envisage une ECMO ou un prélèvement d'organes à cœur arrêté. »
Pour le Dr Rubertsson, interrogé par Medscape, c'est en salle de cathétérisme ou dans l'ambulance, quand faire un MCE prolongé peut s'avérer extrêmement difficile à réaliser que le MCE automatisé pourrait avoir toute sa place.
Plusieurs dispositifs de compression mécaniques existent déjà sur le marché. Rationnel ? « Le MCE est physiquement très exigeant » a rappelé le Dr Rubertsson. « Après 20 mn de massage, le taux d'efficacité n'est plus que de 20- 30%. Quand la ressuscitation est prolongée jusqu'à 45 - 60 mn, il est difficile de maintenir un massage de qualité. Dans ce cas, il est important de pouvoir disposer d'une aide automatisée, aussi efficace et sans risque.

Verre à moitié vide ou à moitié plein : pas plus efficace, aussi efficace.

L'étude a inclus des sujets en arrêt cardiaque de plus de 18 ans, à l'exception des arrêts cardiaques traumatiques et des sujets ayant été choqués (défibrillation) par des témoins/secouristes avant l'arrivée des investigateurs. 1300 ont été massés avec la pompe et 1289 manuellement. Le Dr Rubertsson a précisé que le dispositif Lucas™ permet de ne pas gêner les défibrillations.

Le critère de jugement primaire portait sur la survie à 4 heures. Le critère secondaire sur la survie avec une bonne condition neurologique (score CPC 1-2) à 6 mois.
LINC : critères de jugement
 
MCESurvie à 4 hScore CPC 1-2
Sortie réanimation
Score CPC 1-2
Sortie hôpital
Score CPC 1-2
A 1 mois
Score CPC 1-2
A 6 mois
Lucas23,6%7,5%8,3%8,1%8,5%
Manuel23,7%6,4%7,8%7,3%7,6%

L'étude est absolument neutre sur le critère de jugement primaire et les résultats sont bons dans les deux bras de l'étude avec une survie sans déficit neurologique majeur de 8%.
« Au vu de ces résultats, on peut aussi dire que la pompe Lucas satisfait les critères de sécurité, nous avons eu très peu d'effets indésirables dans LINC » a commenté le Dr Robertsson.
Lors d'une étude pilote sur 85 arrêts cardiaques décédés, aucun traumatisme n'avait été mis en évidence à l'autopsie chez les patients massés par la pompe versus manuellement.
La conclusion de ce travail est que les pompes automatiques de massage cardiaque ne sont certainement pas destinées au grand public mais à situations cliniques particulières.
Le Dr Rubertsson a déclaré une activité de consultant/conseiller pour Physio-Control.

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