mardi 18 mars 2014

Il existe en France des services d'Urgences où ce n'est pas l'enfer !

Vendredi 14 février, 16 heures, service des urgences de l'Hôpital Privé d'Antony : je pousse la porte, comme 63.000 patients qui y ont défilé l'an dernier, et m'assieds dans le hall d'accueil. Pas de longue file d'attente, mais deux aimables réceptionnistes. Une infirmière et un confrère me prennent en charge au rez-de-chaussée, où 500 mètres carrés sont répartis en différentes salles spécialisées (déchoquage, traumatologie, sutures, médecine) immédiatement modulables selon le flux des arrivées. A l'étage, 300 mètres carrés pour le service d'hospitalisation de courte durée de 13 lits.
 
Dans chaque box et salle, un écran indique où se trouvent les patients avec des figurines de tailles et de couleurs différentes selon le sexe, l'âge et le stade d'avancement de la prise en charge. Les figurines en vert clair sont la hantise de l'équipe : elles signalent les patients non encore pris en charge. Délai d'attente inférieur à 11 minutes. Temps de récupération des bilans d'imagerie et de biologie : 45 minutes. Temps de traitement moyen d'un cas : 2 heures. L'optimisation des ressources est maximale. L'informatisation des étapes facilite la fluidité. L'industrialisation des process rend aux personnels le temps nécessaire à l'écoute et à la compassion. Tout le long de mon séjour, les écrans clignotent et voient avancer les patients de pièce en pièce, selon un timing quasi régulier. A ce débit, L'urgence devient prévisible.
 
L'équipe de jour est composée de 4 médecins et de 5 infirmières ; celle de nuit, d'un binôme médecin-infirmière. Deux scanners et deux IRM fonctionnent à plein régime de 7 à 21 heures. Une IRM fonctionne la nuit. Les hôpitaux Foch et Bichat sont connectés par télémédecine pour la neurologie. On pratique la mutualisation des expertises sans se préoccuper du statut des établissements. Délai de thrombolyse : 15 minutes. Un record !
 
La question de l'aval est réglée pour rendre fluide la prise en charge des patients. En cas de grand froid, l'arrivée des fractures traumas est prévue. L'équipe des chirurgiens orthopédistes décale ses opérations programmées pour assurer des urgences. On peut endormir et opérer tard dans un bloc qui n'ouvre pas ses portes à 9 heures pour les fermer à 16 !
 
Ne croyez pas que les patients soient sélectionnés, ils arrivent en permanence sans crier gare. Ne croyez pas que les dépassements d'honoraires fleurissent le tiers payant est de règle. Pour l'établissement, le ticket moyen d'un passage est de 40 euros, soit 20 euros de l'heure, l'égal du prix d'une femme de ménage dans les beaux quartiers de Paris ! La totalité des personnels est unie dans un même combat pour une offre de premier recours indispensable qui n'a rien de « commerciale ». Pourquoi ne pas ouvrir plus de SAU dans les cliniques ?
 
La France qui veut gagner attend avec une immense impatience qu'on la débarrasse des dogmes et des situations de rente. Les urgences médicales en sont un bel exemple !
Guy Vallancien
Guy Vallancien est professeur de médecine à l'université Paris Descartes
Source : www.lesechos.fr

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