lundi 23 juin 2014

Petite visite dans le CODIS du SDIS 77

CODIS 77, photo SDIS77, source Google.
Article paru il y a une semaine ...
 
Ce 14 juin 2014, c'est la journée nationale des sapeurs pompiers. 245 000 pompiers français, dont 193 000 volontaires, interviennent chaque jour sur le territoire. La plupart du temps, pour porter secours à des victimes, notamment lors d'accidents de la route, mais aussi pour protéger des biens ou lutter contre des incendies. La gestion des appels au Service départemental d'incendie et de secours de Seine-et-Marne.
« 300 interventions par jour en moyenne, soit une vingtaine en simultané, c'est ce qu'on appelle notre bruit de fond”. Un seuil normal pour nous », explique le commandant Olivier Doyon, responsable des opérations au Service départemental d'incendie et de secours (S.D.I.S) de Melun. Dans le département de la Seine-et-Marne, qui couvre la moitié de l'Ile-de-France, officient 1 300 sapeurs pompiers professionnels et 3 000 pompiers volontaires, répartis dans 61 casernes principales et 9 de proximité.
 
Tous sont prêts à « décaler » en dix à douze minutes au maximum. Les appels au 18 et au 112 sont reçus dans une immense pièce, divisée en deux zones distinctes : d'un côté, les opérateurs qui décrochent le combiné, questionnent les appelants, les rassurent parfois, remplissent sur leurs ordinateurs les premières fiches d'envoi en mission ; de l'autre, les superviseurs, qui assurent le suivi de l'intervention, une fois qu'elle est enclenchée, car il peut arriver qu'un petit accident domestique s'avère plus grave que prévu et qu'il faille déployer des moyens supplémentaires... En attendant, alors que le téléphone n'arrête pas de sonner - paradoxalement, tout doucement -, l'ambiance est feutrée, concentrée. On entendrait presque une mouche voler...
 
« En 2013, les pompiers de Seine-et-Marne sont intervenus 107 000 fois sur le terrain. Dans 86 % des cas, il s'agissait de secours à la personne et 5 % des sorties concernaient des accidents de la route. Les incendies représentent 6 % de l'activité et le reste, ce sont des opérations diverses », détaille le capitaine Cyril Villette, le chef du centre de traitement des alertes. En réalité, ce sont 500 000 appels qui arrivent au S.D.I.S. chaque année, mais 30 % d'entre eux sont abandonnés au bout de quelques secondes. Au final, on compte quatre appels passés pour un départ effectif de la caserne.
« Le problème, c'est que nous avons de plus en plus d'appels polluants”. Il y a des gens qui ont des besoins d'assistance, de dépannage... Il y a des personnes âgées qui ont des soucis avec leur téléassistance, des gens qui ont déclenché leur téléalarme... Si le problème est avéré et qu'on a été engagés précocement, on est sur du gagnant-gagnant, mais s'il s'agit juste de faire une levée de douteset qu'il n'y a rien au bout, on a perdu du temps et mobilisé des moyens pour rien. Au détriment d'autre chose », regrette-t-il.
 
« À Melun, notre salle de crise, on l'active dès lors que le seuil normal d'appels est dépassé : en cas de tempête, par exemple, on peut avoir cinq cents coups de fil en moins de deux heures. Ou bien lorsqu'il se produit un gros carambolage, un énorme incendie. Là, forcément, on doit dégager le bruit de fond du reste. » Le commandant Doyon est un habitué de ces catastrophes, qu'on appelle en langage de pompiers des « opérations dimensionnantes ». Dans la région, la dernière en date à avoir marqué les esprits a eu lieu l'an dernier à Brétigny-sur-Orge, à trente kilomètres de là : un terrible déraillement de train, particulièrement spectaculaire, à la mi-juillet. Appelés en renforts, les pompiers de Seine-et-Marne ont envoyé des ambulances, des moyens infirmiers et médicaux. Ils disposent cependant pour eux-mêmes de leur propre salle de commandement, mobilisable à tout moment s'il le faut.
 
Cette « salle d'évitement de crise », selon la terminologie exacte, ressemble d'ailleurs à un vrai centre de décisions, avec une table ovale autour de laquelle prennent place en fonction des besoins divers acteurs internes et externes, représentant par exemple le centre opérationnel zonal des pompiers, la police nationale, la mairie, la préfecture, le SAMU, EDF, l'ONF, etc. Au mur, sont accrochés des tableaux permettant de collecter des informations et des renseignements émanant du terrain, d'informer clairement les autorités concernées et les médias, et enfin d'anticiper sur la suite. Comme l'explique le capitaine Pierre Bépoix : « Dans le cas d'un feu de forêt par exemple, anticiper, cela veut dire calculer la vitesse des vents et estimer l'avancement du sinistre. Pour éventuellement évacuer des habitations et sécuriser des zones industrielles à proximité. Nous sommes obligés de faire des propositions rapides et concrètes pour essayer d'apporter la réponse la mieux adaptée possible. » Il existe pour cela, bien sûr, des documents répertoriant toutes les zones à risques ainsi que les bâtiments les plus sensibles du département. Pourtant, l'essentiel des éléments est toujours donné par un drôle de camion, équipé des toutes dernières technologies : le V.P.C. ou véhicule de poste de commandement.
 
L'incontournable véhicule de poste de commandement
À l'intérieur, on retrouve en miniature la même salle d'évitement de crise que celle décrite précédemment. Mais qu'on ne s'y trompe pas, c'est le V.P.C. qui donne le la. Prépositionné sur le terrain, au plus près de la catastrophe, il a pour but de remonter toutes les informations utiles aux décideurs. À bord du V.P.C. travaillent plusieurs officiers, qui ont chacun un rôle bien défini, et qui ont tous reçu une formation spécialisée à l'école d'Aix-en-Provence. Ils utilisent des codes et des pictogrammes de couleurs particuliers, compréhensibles par tous les pompiers de France, ainsi qu'une fréquence radio spéciale. « Notre objectif, c'est de donner une photographie précise et chiffrée du terrain », explique le commandant Alain Dadou. « Nous transmettons le nombre de victimes, leur état... Nous ajoutons des précisions en cas d'incendie, s'il y a des risques radioactifs ou chimiques, si un bâtiment menace de s'effondrer... Pour cela, on se crée une "bulle de communication”, qui va se détacher des opérations courantes qui continuent sur le reste du département. Cette bulle n'englobe que le V.P.C., le terrain et le C.O.D.I.S. qui est à l'arrière. » Il n'y a pas si longtemps, le V.P.C. de Melun est intervenu sur un gigantesque incendie industriel : le feu avait pris sur 7 000 mètres carrés, le bâtiment était compliqué et il a fallu des heures pour venir à bout du sinistre. Pour les pompiers, le V.P.C. est devenu incontournable à chaque fois qu'il s'agit d'intervenir sur des opérations délicates ou qui mettent en péril la vie de nombreuses victimes.
 
Le suivi des victimes
Lorsqu'une catastrophe se produit, comme l'an dernier à Brétigny, il faut de suite extraire les victimes et les amener au plus vite vers le poste médical avancé, qui est une sorte d'hôpital de campagne. Elles sont triées en fonction de leur état en « urgences relatives », « urgences absolues » et « urgences impliquées », cette dernière catégorie pouvant s'appliquer à des personnes sans lésions apparentes, simplement sonnées par le choc, mais qui devront quand même être comptabilisées. « La capacité standard d'un poste médical avancé est limitée », souligne l'infirmier en chef Bruno Gibert. « Il ne peut prendre en charge que six urgences absolues et dix urgences relatives. Autant dire que le médecin qui fait le tri doit être aguerri. Il doit agir vite et être extrêmement précis. En gros, il a moins de trois minutes pour poser un diagnostic ! » C'est un moment extrêmement délicat, pour tous, qui s'opère par ailleurs généralement dans la confusion, les cris, le bruit, l'horreur...
 
Depuis les attentats de Madrid, les autorités françaises ont décidé de passer la vitesse supérieure pour améliorer l'identification des victimes : « On pose à chaque personne un bracelet, qui dispose d'un code unique, enregistré auprès de la Préfecture de Paris. La personne est ensuite enregistrée dans notre ordinateur en fonction de son état et de sa destination future. On sait si elle est décédée ou embarquée dans un hôpital environnant. Et on peut même enregistrer ultérieurement des personnes qui se présenteraient d'elles-mêmes quelques heures après les faits dans une clinique, comme cela s'est déjà produit par le passé. Désormais, avec ce système SINUS, on ne peut plus perdre de victimes ! »
 

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