mercredi 4 décembre 2013

Plainte contre un médecin régulateur du SAMU 54

 
« Nous faisons ça pour que d’autres parents ne vivent pas ce que nous avons vécu ». Raphaël Nau, un jeune père de famille de Lunéville, vient de porter plainte pour « mise en danger de la vie d’autrui ».
Partagé entre colère, inquiétude et fatigue, il a encore du mal à comprendre et analyser ce qui lui est tombé dessus. Son univers a basculé jeudi dernier. A 17 h 45. C’est à cette heure précise que son épouse, Adeline, a pris son téléphone pour faire le 15.
Elle a alerté les urgences sur l’état de santé de Lou, l’une de ses deux petites jumelles d’un mois et demi. Le bébé, né prématuré, n’allait pas très bien depuis quarante-huit heures. Il avait du mal à respirer. Il avait le nez pris et toussait. D’où une visite, mardi, chez le pédiatre de la famille, à Essey-les-Nancy, qui a diagnostiqué « une rhinite purulente ».
Le nom peut paraître angoissant. Mais la maladie ne l’est pas. C’est un gros rhume. L’enfant est donc resté à la maison avec ses parents. Mais son état s’est dégradé subitement jeudi en fin d’après-midi. « La petite était blanche. Elle avait les lèvres violette. Elle avait du mal à ouvrir les yeux. Et, surtout, elle ne respirait presque plus. Je l’avais dans mes bras et je ne sentais plus son souffle », raconte le père. Autant de symptômes alarmants que son épouse a transmis au médecin régulateur des urgences.
La réaction du professionnel de santé à l’autre bout du fil va stupéfier le couple. « Il a refusé d’envoyer une ambulance. Il a demandé si nous avions un moyen de locomotion et nous a dit d’aller aux urgences », explique le papa qui ne comprend toujours pas la réaction du médecin régulateur.

Pronostic vital engagé

« S’il fallait envoyer systématiquement une ambulance, il faudrait quadrupler les impôts. 70 % des appels au 15 se finissent par un conseil médical. Des affaires comme cela, il y en a tous les jours, ce n’est pas un évènement », estime le patron du SAMU, le docteur Lionel Nace qui soutient son médecin régulateur.
Tout en refusant d’entrer dans le détail pour cause de plainte et d’enquête en cours, il évoque une « différence de perception de la situation » entre le médecin et la famille du bébé en détresse. En tout cas, le ton est monté entre eux. Le père a lancé un juron. Et sa femme a raccroché. « Nous étions paniqués et nous avions l’impression que personne ne nous aidait », explique-t-elle. Le couple va alors appeler à son secours son pédiatre d’Essey. Le spécialiste leur demande de passer. Les Nau montent dans leur voiture et foncent le voir. « Pourquoi ne sont-ils pas allés aux urgences de l’hôpital de Lunéville ? », s’interroge le docteur Nace du SAMU. « Nous n’y avons pas pensé une seconde », répond Adeline Nau.
Lorsqu’elle arrive avec son mari à Essey, l’état de leur petite fille s’est encore aggravé. « Elle ne respirait plus », témoigne leur pédiatre, le docteur Thollot, qui place le bébé sous oxygène et…. rappelle le 15. Il obtient, lui, une ambulance. Mais une ambulance « normale », pas un transport SMUR.
« C’est toujours difficile à apprécier mais, pour moi, il y a eu une sous-évaluation de l’urgence. Le pronostic vital était engagé », ajoute le pédiatre. Arrivée à l’hôpital pour enfants de Brabois, la petite Lou ira d’ailleurs directement en réanimation. Elle souffre d’une bronchiolite aiguë. Elle est entre la vie et la mort.
« Aujourd’hui, les médecins sont un peu plus optimistes. Son état s’est stabilisé. Elle a rouvert les yeux », indique sa mère. Un peu soulagée. Mais pas complètement rassurée.
 
Christophe GOBIN
 

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