jeudi 16 octobre 2014

Des secours paramédicalisés pour la Guyanne ?


La Haute Autorité de Santé envisage très sérieusement la mise en place de "protocole de secours transfrontaliers" pour des "professionnels non médecins". La raison essentielle réside dans le déficit démographique des professions de santé (médecins). L'objectif des 30 minutes d'accès aux soins d'urgences pousserait-elle donc nos dirigeants à la paramédicalisation des secours ? 
Les communes de l'intérieur de la Guyane souffrent d'un accès aux soins hospitaliers difficile, tandis que celles du littoral sont presque aussi bien couvertes qu'en métropole, révèle une étude de l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) diffusée mercredi.

"En Guyane, les habitants du littoral sont à 16 minutes en moyenne d'un centre hospitalier [CH] contre 15 minutes en France hexagonale", indique-t-elle. "Néanmoins les disparités territoriales sont fortes et des écarts de plus de deux heures sont constatés" avec l'intérieur des terres.

Les communes du littoral, et en particulier les environs de Cayenne, sont cependant plus peuplées, ce qui explique que près de "quatre habitants sur cinq" soient à proximité d'un centre hospitalier.

La grande taille de ce département d'outre-mer explique en partie que la problématique liée à l'éloignement des soins soit "très prégnante", rappelle l'Insee. Elle relève de "très longues distances" séparant certains habitants des structures de soins et "l'absence de réseaux routiers" dans sept des 22 communes.

Des disparités existent également entre les différentes spécialités. Par exemple, les temps d'accès aux soins "touchant la mère et l'enfant [...] sont inférieurs au temps d'accès moyen", alors que ceux pour l'"ophtalmologie, l'urologie, l'ORL et la néphrologie médicale sont doublés, voire plus, par rapport à la moyenne".

L'accès des femmes enceintes de certaines communes à un établissement hospitalier est malgré tout difficile, ce qui peut avoir "des conséquences graves sur l'issue de leur grossesse", alerte l'Insee.

Ces femmes sont donc suivies par des centres délocalisés de prévention ou un centre de protection maternelle et infantile (PMI) pendant leur grossesse.

Avant leur accouchement, les parturientes sont encouragées à se rapprocher des hôpitaux. Par exemple, au CH André Rosemon (Char) à Cayenne, elles sont hospitalisées pour des durées variant en fonction de l'éloignement du domicile, jusqu'à 17 jours. Au CH de l'Ouest guyanais, elles sont accueillies dans un centre d'hébergement et de réinsertion sociale, situé dans l'enceinte de l'hôpital.

22% DE LA POPULATION A PLUS DE 30 MINUTES D'UNE STRUCTURE D'URGENCE

Par ailleurs, 16 communes sur 22, soient 22% de la population, sont à plus de 30 minutes d'une structure d'urgence ou d'un Smur général. Le CH de Cayenne utilise "un hélicoptère privé pour atteindre les populations les plus isolées", indique l'Insee.

Les auteurs de l'étude rapportent que le recours à des médecins correspondants de Samu (MCS) est "actuellement en cours de réflexion". Cela ne pourra cependant se faire qu''en fonction des ressources médicales potentielles", compte tenu du déficit démographique en professionnels de santé.

La possibilité pour des "professionnels non médecins" de faire des soins d'urgence et des "protocoles de secours transfrontaliers" sont également envisagés.

La Guyane compte "deux structures hospitalières publiques, trois privées en chirurgie, médecine et obstétrique" (MCO), et plus de 31.000 hospitalisations y ont été enregistrées en 2010, rappelle l'Insee.

Environ 9% des hospitalisations de patients guyanais sont réalisées à l'extérieur du territoire, en raison du manque de certaines spécialités, notamment "la chirurgie thoracique, l'assistance médicale à la procréation, la chirurgie cardiaque et les grands brûlés".

Accès aux soins hospitaliers en Guyane: derrière un constat encourageant, de fortes disparités, Insee (http://www.apmnews.com/Documents/inseeanalysesn2.pdf)

pm/cb/APM polsan

Source : APM - SFMU

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