Il s'agit de l'ennui. Ce sentiment qui effraye tant nos congénères n'est pas
uniquement lié aux trop rares distractions dans nos campagnes. Il concerne
également l'activité professionnelle, notamment dans les petits centres
hospitaliers. Pour des carabins nourris aux épisodes trépidants d'Urgences, la
vie dans un établissement de proximité peut en effet parfois manquer
d'adrénaline. C'est ce que nous raconte un jeune urgentiste blogueur, alias
"docteur Capuche" dans un de ses derniers posts (publié sur le blog "Betadine
pure") qui détaille, comme avant lui Borée, les raisons pour lesquelles "malgré
les demandes répétées des équipes soignantes", il ne restera pas travailler
"far far away". "Comme précisé plus haut, far faraway est loin, très loin.
Et
certaines spécialités ne sont présentes qu'au CHU. Une partie non négligeable
des interventions SMUR consiste donc en des "secondaires", c'est-à-dire des
transferts de patients d'un hôpital à un autre. Et c'est loin d'être la partie
la plus intéressante du métier de smuriste (que le premier qui pense le
contraire me jette le premier scope). Et c'est encore pire quand il faut 2h30 de
route pour aller d'un hôpital à l'autre, et que le départ est donné à 3h du
matin. Parfois, je m'ennuie au SMUR de far faraway" décrit-il. Voici une
dimension sans doute essentielle pour comprendre certains des enjeux de la
désertification médicale, une dimension cependant difficile à intégrer dans un
discours politique.
Problème des urgences : lits d'aval, mais aussi soins d'aval
Le post du Dr Capuche est également un témoignage en lien direct avec
l'actualité lorsqu'il évoque les difficultés du service des urgences de son
hôpital, probablement situé en montagne. A l'instar de ce qui a été beaucoup
dénoncé ces derniers jours, il confirme le casse tête que peut représenter la
recherche de lits d'aval, "surtout pendant les mois d'été où un tiers des lits
sont fermés alors que l'activité augmente". Mais au-delà de ce problème
récurent, il évoque des difficultés spécifiques aux structures rurales, qui sont
moins fréquemment citées. "Il y a aussi le problème de la prise en charge
médicale des patients en aval des urgences. Ou plutôt de la prise en charge
chirurgicale des patients en aval des urgences.
La phrase type des chirurgiens
quand ils sont sollicités est "faites monter" (les services de chirurgie sont au
4ème étage, les urgences au 1er sous-sol), quel que soit le problème du patient,
même s'il existe une urgence à la prise en charge. Le souvenir le plus prégnant
que j'ai de cette situation est le cas de cette patiente âgée, vivant toute
seule chez elle, qui s'était fait une fracture ouverte de la jambe (...) vers
21h. Non seulement le chirurgien n'a pas voulu l'opérer le soir même (...) mais
j'ai par la suite appris que la patiente n'avait pas été opérée du tout. Parce
qu'il y avait une plaie en regard de la fracture. Alors que c'est l'élément qui
fait qu'il doit y avoir opération.
Le serpent qui se mord la queue". Ainsi
apparaît-il qu'au delà des obstacles géographiques (évoqués par le Dr Capuche),
de la difficulté d'attirer un conjoint dans un endroit reculé (raison qui tient
fortement à cœur à notre auteur) la désertification s'explique aussi par le
refus des jeunes praticiens d'une médecine paralysée et paralysante. Une
équation rarement intégrée dans les réflexions sur ce thème.
Pour lire en entier les raisons pour lesquelles le Dr Capuche ne restera pas
"Far, far away", c'est ici
:http://betadinepure.eklablog.com/pourquoi-je-ne-resterai-pas-travailler-a-far-far-away-a101993131
Source : www.jim.fr
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