Alors que le rapport de l'IGA/IGAS sur l'organisation des secours en France a été présenté aux autorités compétentes au début du mois de Juillet dernier, pour des raisons non connues, celui-ci n'a pas été rendu public. Cependant, depuis peu, ce fameux rapport commence à être accessible à certains journalistes (dont l'APM).
Voici les dernières informations rendues publiques ...
Concernant le Secours à Personnes
Concernant le Secours à Personnes
L'Inspection générale des affaires sociales (Igas) et l'Inspection générale de l'administration (IGA) dressent un bilan "contrasté" de l'application du référentiel du 25 juin 2008 relatif à l'organisation du secours à personne et de l'aide médicale urgente (SAP-AMU), dans un rapport que le ministère de la santé n'a pas rendu public mais dont l'APM a eu copie.
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En octobre 2013, les ministres chargés de la santé et de l'intérieur (respectivement Marisol Touraine et Manuel Valls à l'époque) avaient demandé aux deux inspections d'effectuer un bilan de l'application de ce référentiel, élaboré par un comité quadripartite réunissant la direction de la défense et de la sécurité civile, la direction générale de l'offre de soins (DGOS), des représentants des services départementaux d'incendie et de secours (Sdis) et des représentants des structures de médecine d'urgence, et publié en avril 2009.
Le référentiel contient plus de 160 prescriptions, "portant sur le traitement des appels, la réponse aux demandes ou encore la mise en oeuvre d'une démarche qualité ambitieuse", rappelle la mission.
Il pose trois principes qui devaient "remédier aux dysfonctionnements antérieurs": la reconnaissance de la légitimité de l'envoi immédiat de moyens sapeurs-pompiers dans les situations dites de "départ réflexe", en incluant les urgences vitales et les événements survenant sur la voie publique ou dans un lieu public; la reconnaissance de la pertinence de la régulation médicale de tout appel de secours à personne ou d'aide médicale urgente, quel que soit le numéro composé par l'appelant; l'affirmation du principe selon lequel le doute profite à l'appelant.
Les transporteurs sanitaires privés qui n'avaient pas été associés à l'élaboration de ce référentiel ont participé ensuite à l'élaboration de leur propre référentiel, signé le 9 avril 2009.
"Six ans après l'adoption du référentiel d'organisation du secours à personne et de l'aide médicale urgente, cinq ans après sa publication et celle du référentiel d'organisation de la réponse ambulancière à l'urgence pré-hospitalière et plus de quatre ans après l'échéance fixée pour que les acteurs mettent leur organisation et leurs pratiques en conformité avec ces cadres d'actions, il reste beaucoup à faire pour y parvenir de manière homogène sur le territoire", concluent les trois inspecteurs (Jean-François Bénévise pour l'Igas, et Sophie Delaporte et Maximilien Becq-Giraudon pour l'IGA).
Le bilan se montre contrasté selon les départements et les sujets, précisent-ils dans leur rapport qui a été présenté aux acteurs en juillet.
DES BLOCAGES DANS 14 DEPARTEMENTS Il apparaît que la signature de conventions interservices "n'est pas généralisée". Vingt-cinq départements sur 101 ne semblent pas dotés d'une convention Samu-SIS postérieure à l'adoption du référentiel de 2008, dont une dizaine fonctionne "encore" sous le régime d'une convention tripartite antérieure.
Des situations "de blocage" ont été identifiées dans 14 départements: dans 11 cas de figure, cela bloque entre le Samu et le SIS ("pour des raisons financières le plus souvent"), et dans cinq cas, entre le Samu et les transporteurs sanitaires privés "pour des motifs spécifiques". Dans un tableau recensant ces différentes situations, la mission évoque des conventions Samu-SIS "bloquées" dans les Alpes-Maritimes, la Corse-du-Sud, les Côtes-d'Armor, le Gard, la Marne, la Meurthe-et-Moselle, la Meuse, la Moselle, le Nord, le Pas-de-Calais et le Rhône. Des conventions Samu-ambulanciers sont bloquées dans le Loiret, la Meurthe-et-Moselle, le Puy-de-Dôme et la Savoie.
La mission note en revanche un dispositif "complet" (conventions Samu-Sdis et Samu-ambulanciers et protocole tripartite) dans deux départements (Ille-et-Vilaine et Maine-et-Loire) et souligne la démarche "originale" retenue en Midi-Pyrénées "consistant en une convention unique applicable dans les huit départements". Il arrive aussi que sans reposer sur ces documents, le dispositif soit "solide".
Elle constate également que la mise en oeuvre du référentiel sur la réponse ambulancière à l'urgence pré-hospitalière n'est pas tellement avancée, avec "moins d'un tiers des départements qui bénéficient d'un coordonnateur ambulancier".
Elle indique par ailleurs que les départs réflexes des sapeurs-pompiers et la régulation médicale "sont bien intégrés dans les pratiques" mais que certains Sdis évoquent des difficultés pour joindre le centre 15 et que des Samu "se plaignent du caractère parfois tardif ou non systématique de la mobilisation de la régulation médicale".
D'autres modalités de réponse envisagées par le référentiel de 2008 "sont inégalement mises en oeuvre", poursuit-elle.
Ainsi, si la "réponse secouriste est considérée par tous les acteurs comme globalement bien maîtrisée par les sapeurs-pompiers", tous les éléments du référentiel ne sont pas utilisés partout, notamment la justification médicale de l'envoi d'un véhicule de secours et d'assistance aux victimes (VSAV) en dehors de son secteur opérationnel, rapporte la mission.
Elle constate aussi que les dispositions relatives aux infirmiers sapeurs-pompiers, qui "occupent une place importante dans le référentiel, sont faiblement appliquées et font l'objet de divergences". "Le projet de protocoles nationaux de soins d'urgence et d'antalgie établis conjointement par les représentants des urgentistes et des soignants sapeurs-pompiers a échoué", pointe-t-elle.
La mission relève également l'absence d'articulation entre médecins sapeurs-pompiers (MSP) et médecins correspondants du Samu (MCS), notant d'ailleurs que le ministère de la santé "a omis d'associer les responsables des sapeurs-pompiers à la réflexion sur l'accès aux soins urgents en moins de 30 minutes [...]".
L'Igas et l'IGA soulignent par ailleurs les manques dans la formalisation des relations financières entre établissements de santé et Sdis pour assurer la rémunération de trois types d'intervention du Sdis en dehors de ses missions sur demande du Samu (appui logistique régulier à un Smur, évacuations par indisponibilité ambulancière et appui aux relevages-brancardages simples). La mission observe que "sur le terrain, 57% des Sdis et 31% des Samu répondants mentionnent l'existence d'une convention d'appui logistique".
S'agissant des outils techniques, elle indique que les fonctionnalités téléphoniques de transfert d'appel et de conférence à trois sont assurées dans la quasi-totalité des services.
Elle observe cependant que "la priorisation des appels entrants n'est pas généralisée", que le déploiement du réseau de radiocommunications Antares est "plus lent que prévu" (avec 67 SIS et 47 Samu équipés au 1er décembre 2013), que "dans environ la moitié des départements, les systèmes d'information des deux services semblent ne pas partager d'informations en temps réel" et que "la géolocalisation des moyens n'est disponible que dans moins de 20% des services".
UNE EFFICACITE CERTAINE MAIS QUI POURRAIT ETRE ACCRUE Au plan des résultats, le référentiel de 2008 "a permis de dynamiser les relations entre Sdis et Samu et de clarifier les rôles et de formaliser les pratiques", assure la mission. Elle ajoute qu'elle a recensé des initiatives locales "positives", comme un logiciel commun de traitement des appels et d'engagement des moyens développé en Haute-Savoie.
Mais "ces progrès indéniables en cohérence et en efficacité ne pourront donner leur pleine mesure que si une juste articulation entre départs réflexes et régulation médicale est trouvée et si les quatre difficultés principales rencontrées sont surmontées", estime-t-elle.
Pour elle, les quatre difficultés qui "minorent" l'efficacité du dispositif sont relatives à l'organisation et au positionnement des transporteurs sanitaires, au décompte des "carences" ambulancières (indisponibilités des transporteurs sanitaires privés qui conduisent à solliciter les pompiers à leur place), aux conditions d'engagement et au rôle des infirmiers sapeurs-pompiers, et au défaut de pilotage observé au niveau national.
Ces différents constats conduisent les auteurs à émettre 45 recommandations, certaines visant à effectuer un travail national de "cadrage et d'ouverture" et d'autres à développer des plans d'actions locaux sous l'égide des préfets et des agences régionales de santé.
Concernant la sollicitation des Sapeurs-Pompiers et des SAMU
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